PATAGONIE

Le trek le plus austral du monde

Pour les fêtes de fin d’année, j’ai embarqué en décembre 2016 avec ma famille à la découverte de la Patagonie chilienne et argentine. Ensemble, c’est à pied que nous avons arpenté les grands parcs nationaux riches de glaciers, montagnes, forêts et rivières. En 4×4, nous avons traversé les grands espaces sauvages du bout du monde. Disposant de plus de temps, j’ai quitté mes parents mon frère et ma sœur à Punta Arenas, tout au sud du continent, pour continuer mon voyage seul. Pour partir à l’aventure et faire le trek le plus austral de la planète.

Situé à 115 km au nord-ouest de Santiago, Valparaiso est une ville colorée, bordée d’un amphithéâtre de collines en bord de mer.

Tout en longueur, le Chili est un pays immense. Nous nous rendons en Patagonie en « Terre Magellanique » en avion, d’où nous louons une voiture pour nous rendre dans les différents parcs naturels et sites touristiques.

Nous survolons le « Campo de Hielo Sur », le champ de glace Sud de Patagonie. Mesurant 350 km de long, c’est la troisième calotte glaciaire au monde après le Groenland et l’Antarctique.

Arrivée dans le parc national Torres del Paine au Chili, situé entre la Cordillère des Andes et les steppes patagonnes. La piste serpente à travers des collines vertes pour s’arrêter à un lac.

De là, nous embarquons sur un bateau pour véritablement entrer dans le parc national et accéder aux circuits de trekking.

Mon frère, ma sœur et moi ouvrons la voie, tandis que mes parents nous suivent doucement, mais sûrement.

Les rivières sont alimentées par les glaciers en amont. L’eau est si pure que nous y remplissons nos bouteilles.

Le parc national est extrêmement bien aménagé et entretenu. Soucieux de ne pas dégrader la beauté du site, les gardes forestier ont construit des ponts en bois qui se fondent dans le paysage.

Des blocs de glace dérivante flottent sur le lac Grey. En amont, le glacier éponyme d’où la glace se fragmente.

Le glacier Grey, large de 6 km et haut de 30 m.

Les conditions climatiques dans le parc sont très variables. En une même journée, il n’est pas rare d’avoir de la pluie, de la grêle, du vent et du soleil.

Peu craintifs, nous croisons de nombreux renards gris dans les forêts de Patagonie.

En décembre 2011, le parc national Torres del Paine a subi un grave incendie qui a détruit environ 20 000 hectares de forêt, soit 10% du parc national. Le feu a laissé derrière lui bon nombre d’arbres morts.

Le sentier qui mène aux fameuses « tours » del Paine est long d’une dizaine de kilomètres.

Les derniers kilomètres sont rudes mais l’arrivée aux trois formations granitiques emblématiques du massif del Paine est proche.

Mon frère et moi devant les Torres del Paine, le jour de Noël.

Photo familiale devant les Torres del Paine.

Retour dans le 4×4 de location. Nous traversons la frontière avec l’Argentine et empruntons la mythique « Ruta 40 » dans la province de Santa Cruz pour rejoindre la ville d’El Calafate.

Bien que les routes soient rectilignes et peu fréquentées, il faut être prudent en voiture. La région est en proie à des vents très violents.

Le très impressionnant glacier Perito Moreno, en Patagonie argentine.

Pour aller au plus près du glacier Perito Moreno, nous prenons un bateau sur le lac Argentino. Le vent sur le pont du bateau est dément.

C’est l’un des sites touristiques majeurs de la Patagonie argentine, mais probablement celui qui m’a le plus marqué.

Le front du glacier fait environ 5 000 m de longueur, sa hauteur est de 170 m dont un peu moins de la moitié est émergée, le reste se trouvant sous les eaux du lac Argentino. Le glacier avance d’environ 2 m par jour (soit 700 m par an), mais la glace à mesure qu’il avance se délite et tombe dans le lac. Il est l’un des seuls glaciers de Patagonie à ne pas être en recul.

À proximité d’El Chaltén en Argentine, nous nous lançons à l’assaut du parc national Los Glaciares afin d’admirer le mont Fitz Roy.

Haut de 3 405 mètres, les nuages accrochent le sommet du Fitz Roy.

Paysage emblématique des parcs nationaux de Patagonie. Des montagnes enneigées, un glacier, de la roche brune et de la forêt dense.

Un curieux renard gris de Patagonie.

Nous croisons beaucoup de « guanacos » sur la route, les lamas patagons.

L’île Magdalena située dans le détroit de Magellan au Chili, a la particularité d’accueillir l’une des plus grandes colonies de manchots de Magellan. On en compte 60 000 sur l’île. Ces manchots montrent une grande fidélité envers leur partenaire mais aussi envers leur site de nidification. Ainsi, les manchots retournent années après années nicher dans la colonie où ils sont nés.

Les deux parents prennent part égale à l’élevage de leur progéniture et se relaient pour couver les œufs puis nourrir les poussins. Ils peuvent vivre jusqu’à 30 ans.

Une autre petite île dans le détroit de Magellan abrite une colonie d’éléphants de mer.

Punta Arenas, ville portuaire du sud du Chili. Elle est le hub chilien pour les visiteurs se rendant en Patagonie et en Antarctique.

Hormis la place centrale et les quelques monuments historiques, la ville présente un intérêt limité.

L’épave du « Lord Lonsdale », un bateau qui a sombré en 1909 à cause d’un incendie. En partie démantelé, il est resté en l’état et devenu une relique historique.

Le Cabo Froward. Situé à une centaine de kilomètres de Punta Arenas, c’est le point de terre le plus au sud de la partie continentale de l’Amérique du Sud.

Verre d’adieu. Après 2 semaines de voyage commun, nous nous quittons avec ma famille. Mes parents retournent en France. Ma sœur part travailler en Californie et mon frère retrouve son ami Grégoire à Santiago, afin de poursuivre le tour du monde qu’ils ont commencé en septembre 2016.

Le trek le plus austral du monde.

Désormais seul, je décide à Punta Arenas de rejoindre en avion la ville la plus australe du monde. Elle est chilienne et s’appelle Puerto Williams, située sur l’île Navarino à quelques dizaines de kilomètres du Cap Horn. Par le hublot, je contemple la nature sauvage de ces terres isolées.

Contrairement à la croyance générale, ce n’est pas Ushuaïa en Argentine mais bel et bien Puerto Williams qui peut revendiquer le statut de ville la plus australe du monde.

Atterrissage à Puerto Williams au Chili, au terme d’un court vol d’une heure.

J’ai sauté dans le premier avion disponible pour l’île du bout du monde, un petit Twin Otter d’une quinzaine de places. Dans l’appareil, quelques touristes et des locaux.

Sur le tarmac de l’aéroport, la remise des bagages est express.

Puerto Williams est un village crée par les autorités chiliennes en 1948 en raison de sa situation géopolitique et stratégique. Il abrite une base navale, une église, une banque, une école, une poste, quelques épiceries et de rares hôtels et restaurants.

Sur la coque de cette ancienne barge, on peut lire « Bienvenidos a Puerto Williams ».

Une atmosphère très paisible règne à Puerto Williams. Les habitants laissent leurs maisons ouvertes, les clés sur leurs voitures et tout le monde ou presque se connait personnellement.

Au détour d’une petite rue, je croise ce garçon qui sort d’une épicerie où il s’est acheté une glace, avec sa chienne dans les bras.

L’un des seuls et uniques bar de Puerto Williams.

Le petit port de pêche concentre une grande part de l’économie de la ville. Une trentaine de pêcheurs attrapent le crabe royal de Patagonie dans des casiers, un met prisé qui s’exporte très bien.

En m’aventurant à l’extérieur du village, je rencontre une nature vierge. Au loin, un bateau de croisière revenant de la péninsule Antarctique. Le canal Beagle sur lequel le paquebot navigue est l’unique point de passage pour rejoindre le septième continent. Il est donc très fréquent que les équipages débarquent à Puerto Williams avant de rejoindre Ushuaïa.

L’île Navarino sur laquelle Puerto Williams est installée est extrêmement sauvage. Les raisons qui poussent le visiteur à se rendre sur cette terre sont multiples. Mais l’île attire surtout pour le trek de « Los Dientes de Navarino ». Un trek difficile sur lequel on peut facilement se perdre et où il faut partir en autonomie complète puisqu’il n’y a rien, ni personne. Il est également obligatoire de s’enregistrer auprès de la police locale et d’indiquer une date prévue de retour. Ici, la carte de la randonnée. J’ai fait la boucle verte d’une quarantaine de kilomètres.

Le trek commence par une ascension abrupte qui offre un panorama magnifique sur la canal Beagle. On peut apercevoir la piste d’atterrissage de l’aéroport de Puerto Williams. En face l’Argentine.

Les vues qu’offrent la marche sont spectaculaires, mais le terrain très difficile rend la progression à la fois lente et dangereuse. Sur cette randonnée, on se déplace en moyenne entre 1 et 2 km/h.

Au loin, la petite chaîne de montagne qu’on appelle les dents de Navarine. La marche à flanc de coteau est rude.

Dans les pierriers, quelques cairns ont été érigés. À chaque changement de direction ou de dénivellation, il faut scruter l’horizon pour trouver le petit monticule indiquant la route à suivre. À la nuit tombante, je trouve refuge dans les taillis près du lac pour passer la nuit sous ma tente.

Le trek m’emmène par delà les cols, à travers les vallées, les marécages et les forêts.

À cette époque de l’année, en janvier, le climat est assez rigoureux. À environ 800 m d’altitude, la neige s’est installée en montagne. Par endroit je m’enfonce jusqu’aux genoux. Il me faut redoubler de prudence d’autant plus que le terrain pierreux est très irrégulier.

Peu de personnes s’aventurent ici. La nature est immaculée.

En redescendant en altitude, la température grimpe et les précipitations transforment la terre en boue. Plusieurs fois je me suis retrouvé prisonnier de véritables tourbières. Enfoncés jusqu’à mi-tibia, il me fallait attraper tout ce qui était à ma portée pour m’extraire de la glèbe dans un grand bruit de succion.

À l’assaut du dernier col, seul au monde. Le Cap Horn dans mon dos, si proche.

La descente vers le canal Beagle et Puerto Williams est à pic. Heureusement le terrain composé de graviers est très meuble, je peux donc descendre à grandes enjambées en entraînant dans mon passage quantités de petites pierres qui glissent sous mes pas; ce qui facilite ma descente.

Le « sentier » se trouve en pleine nature. Aucun travail n’est effectué pour l’entretenir, parfois il disparait même totalement. Il faut donc littéralement se frayer un passage à travers les glissements de terrain, les marécages et les arbres tombés.

Avec le GPS de mon iPhone, je sais que je dois aller tout droit. Mais je ne peux pas faire au plus court, il me faut éviter les tourbières et les rivières.

Habituellement 4 jours sont recommandés pour faire la totalité du parcours. Je termine le trek en moins de 48h, en doublant les étapes, à marche forcée. En partie pour le challenge sportif, mais aussi pour ne pas rester seul trop longtemps dans cet environnement aussi hostile que perdu. De plus avec l’été austral, les journées sont très longues et j’ai pu marcher de 9h à 22h. À l’arrivée en descendant de la montagne, c’est avec une once de soulagement que je retrouve la civilisation. Je suis accueilli par cette carcasse de Coccinelle, elle annonce la deuxième partie de mon aventure : la remontée en stop de l’Argentine, de la Terre de Feu à Buenos Aires (voir l’aventure « L’Argentine en stop »).

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