LE LADAKH EN ROYAL ENFIELD

1 200 km en moto en Inde, sur le toit du monde

Suite de l’aventure « La Karakoram Highway à vélo ».

Le plan est simple : louer des motos, franchir le plus haut col du monde à 5359 m d’altitude, s’arrêter en route dans les monastères bouddhistes et éviter de tomber dans les ravins vertigineux qui bordent les sublimes pistes du Ladakh.

Après 5 semaines passées seul sur les routes au Kirghizistan, en Chine et au Pakistan où j’ai parcouru à vélo l’intégralité de la Karakoram Highway, je franchis la frontière avec l’Inde le 15 juillet 2017 pour retrouver Nicolas, mon ami avec qui j’ai fait le tour du monde en 4L pour promouvoir la microfinance. C’est la première fois que nous repartons ensemble à l’aventure depuis notre retour en août 2014.

À Manali tout au nord de l’Inde, je troque mon vélo contre une moto Royal Enfield Classic 500cc et nous nous lançons à la conquête du Ladakh, destination Leh. Littéralement, le Ladakh signifie « pays des hautes passes » et nous comprenons rapidement pourquoi : la route de Manali à Leh compte trois cols à plus de 5000 m d’altitude. Récit d’une expédition en Royal Enfield dans les montagnes reculées du Petit Tibet.

Au poste frontière de Wagah entre le Pakistan et l’Inde se déroule tous les soirs une cérémonie de fermeture de la frontière. De nombreux touristes indiens viennent de toute la région pour assister à cet évènement à l’ambiance très patriotique.

À une trentaine de kilomètres à l’est de Wagah, se trouve la ville d’Amritsar. Au centre de la ville et au milieu d’un bassin de 150 m de côté, trône l’hypnotisant Temple d’Or. Il est couvert d’une fine couche d’or et est l’édifice le plus sacré des Sikhs. Je m’y rends au lever du soleil pour observer les pèlerins et les disciples.

Je retrouve Nicolas à Manali dans l’état de l’Himachal Pradesh dans le nord de l’Inde. À 1800 m d’altitude la température est assez fraîche, ce qui n’est pas pour me déplaire après la chaleur d’étuve à Amritsar. Nicolas arrive tout droit de Paris via New Delhi. Nous nous retrouvons à la réception d’un hôtel après avoir chacun passé la nuit dans des bus nocturnes.

Rien de tel que de voyager au Ladakh sur une mythique Royal Enfield ! Nous en louons deux. Elles sont lourdes mais puissantes (500cc) et adaptées au terrain que nous allons rencontrer.

Sur la route, il n’y a pas de station-service et très peu d’infrastructures. Nous partons avec deux jerricans de 5L d’essence chacun.

« Qu’est-ce qui pousse un jeune homme de constitution ordinaire et d’éducation classique à s’asseoir un jour au guidon d’une motocyclette et à ne jamais plus rien désirer d’autre que d’avaler les kilomètres, torse immobile, regard perdu, la poignée des gaz enfoncée – à fond, vers l’horizon ? »

—Sylvain Tesson

Nos sacs solidement attachés à l’arrière de nos motos, nous voyageons léger, sans tente, ni réchaud. Pour cette aventure, nous dormons dans les petites guesthouses et mangeons dans les petits restaurants en bord de route.

Col de Rohtang (3978 m). Il n’est pas particulièrement haut par rapport aux autres cols himalayens, mais il est difficile à franchir en raison des conditions climatiques incertaines. Nous le passons sous une pluie battante et dans un brouillard complet. Au sommet, les nuages s’ouvrent et laissent apparaître un grand soleil dont les rayons produisent un arc-en-ciel.

Nous ne sommes pas seuls sur la route. De nombreux touristes indiens font le même voyage que nous. Certains en voiture, d’autres en moto. Nous croisons de nombreux groupes, curieux de faire notre connaissance.

Il nous faut quelques heures pour nous habituer à nos nouveaux bolides et à la conduite à gauche. Je n’ai jamais conduit de cylindrées supérieures à 150cc, mais cela vient vite.

Quand les routes sont bitumées, nous progressons confortablement au guidon de nos Royal Enfield. Le voyage en moto procure une sensation de liberté assez unique. Le poignet droit posé sur l’accélérateur, le paysage défile, sans effort.

Mais souvent, les pistes sont caillouteuses, boueuses, parfois sablonneuses… Elles sont régulièrement coupées par des bras d’eau que nous traversons à gué. Les nids de poules, la boue et les cailloux rendent la conduite éprouvante. En moyenne nous roulons 7h par jour.

Baralacha La (4850 m) est notre deuxième col sur la route de Manali à Leh.

Entre Manali et Leh, la route est majoritairement montagneuse sauf sur une petite portion, où l’on traverse de grandes plaines sur un plateau.

Lachungla La (5079 m), notre troisième col entre Manali et Leh.

Sur la route, nous nous arrêtons déjeuner dans des petits restaurants. Souvent le menu est unique et nous mangeons le traditionnel « dal bhat », composé de riz, de lentilles et de légumes.

La route est magnifique et serpente à travers la montagne. Même s’il n’y a pas vraiment de trafic, nous devons rester très concentrés dans les virages.

Vue sur la ville de Leh. Située à 3500 m d’altitude, elle est la plus importante de la région du Ladakh. Pendant l’hiver, la route qui mène à la ville n’est pas praticable à cause de la neige et elle est totalement coupée du reste du monde. La ville vit essentiellement du tourisme et reçoit l’été beaucoup de visiteurs férus de trekking et d’alpinisme.

En pleine saison, les rues grouillent de monde.

Sur le pic surplombant la ville de Leh domine un palais imposant. Construit au XVIIème siècle sur les plans du palais de Potala à Lhassa, il est une ancienne résidence royale.

Depuis le monastère de Thiksey, la vue s’ouvre sur toute la vallée de l’Indus.

Monastère de Stakna dans les environ de Leh. C’est au Xème siècle que le bouddhisme tibétain a été introduit au Ladakh. De nombreux monastères, également appelés « gompas », ont été construits à cette époque pour diffuser le lamaïsme.

Nous franchissons d’innombrables ponts au cours de notre périple au Ladakh. Celui-ci est particulièrement étroit et décoré d’une multitude de drapeaux de prières.

Perché sur une colline, le monastère de Stakna héberge une trentaine de moines. L’un d’entre eux passe devant une Ambassador, la voiture emblématique de l’Inde.

Un jeune moine dans le monastère de Thiksey. En termes de superficie, c’est le plus grand monastère du Ladakh et il accueille environ 60 moines.

Visite du Soma Gompa à Leh. Selon le rite bouddhiste, actionner les moulins à prières a la même valeur spirituelle que d’en réciter.

En silence, nous visitons l’intérieur du temple du palais de Leh.

Nous nous dirigeons vers le plus haut col du monde accessible par la route. À plus de 5000 m d’altitude, il n’y a plus de bitume. Sans surprise la piste est difficile.

Sur le bord de la piste, des inscriptions nous rappellent que nous ne sommes plus très loin de notre objectif.

Col de Khardong La, 5359 m d’altitude. C’est le plus haut col carrossable du monde ! Après une ascension difficile du fait de la mauvaise qualité de la piste, du manque d’oxygène et du froid, nous fêtons notre arrivée au sommet.

Un stupa a été construit sur une colline au col de Khardong La. Des moines en redescendent après y avoir fait une prière.

Alors que nous prenons un « tchaï » en bord de route, nous recevons la visite d’un jeune garçon.

Paysage typique du Ladakh, avec ses cimes enneigées, une rivière qui coule au fond d’une gorge et ses routes sinueuses.

À 150 km au nord de Leh, nous entrons dans la vallée de Noubra. Elle est aussi appelée « le verger » pour sa végétation.

À Diskit, dans la vallée de Noubra, un bouddha de 32 m de haut fait face à la rivière Shyok en direction du Pakistan. Inaugurée par le Dalaï Lama le 25 juillet 2010, la statue a été construite pour protéger le village de Diskit, prévenir une future guerre avec le Pakistan et promouvoir la paix dans le monde.

Dans la vallée, on trouve des dromadaires sauvages. Ils ont été introduits au cours des siècles derniers par les caravanes de marchands, sur la route commerciale entre l’Inde et l’Asie centrale.

Avec les dunes de sable et la végétation à proximité des rivières, l’environnement est propice pour les dromadaires. La vallée de Noubra est le point à partir duquel nous choisissons de retourner à Manali. Au Ladakh, il n’y a qu’une seule route qui parcourt la région. En deux semaines, nous n’avons malheureusement pas le temps de faire tout le tour. Nous faisons donc demi-tour et commençons la route dans l’autre sens, direction Manali.

Paysage grandiose du Ladakh.

Sur les pistes caillouteuses, nous progressons à environ 30 km/h.

De nouveau, nous sommes bloqués par un glissement de terrain. Heureusement un tractopelle arrive rapidement sur place pour dégager la route.

Avec le dénivelé et la piste, la route est fatigante, mais les panoramas sont magnifiques.

Pour le retour, nous choisissons de faire deux étapes en une. Après une journée de 304 km et 10h passées sur nos motos, nous arrivons comme des zombies dans un minuscule village à Zing Zing bar.

Descente quasi-verticale sur 2 km.

L’été, les glaciers fondent et alimentent les rivières. La crue entraîne souvent des inondations et des glissements de terrain.

Un nouveau glissement de terrain a inondé la route. Avant de traverser, nous nous arrêtons toujours pour évaluer la profondeur. Pour franchir l’obstacle, il faut rouler à allure constante et jouer avec le guidon parce-que nous ne voyons pas les pierres sous l’eau. Ce n’est pas trop difficile, mais nous sortons inévitablement mouillés. Il est 7h30 du matin lorsque nous nous attaquons à ce gué.

Taglang La, le deuxième plus haut col du monde (5328 m). En dix jours nous avons parcouru 1200 km de Manali à Diskit en passant par Leh, aller et retour.

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